Accouchement accompagné à domicile
- Chloé
- 17 sept. 2021
- 14 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 nov. 2021

Crédit photo: Vanessa Amot, photographe
J’ai fait le choix d’accoucher à domicile. Cet article me permet de l’expliquer et informe sur la façon dont un tel accouchement se prépare et se passe (en théorie puisque pour le moment je ne l’ai pas vécu.) J’essaie d’y résumer les faits que j’ai rassemblés jusqu’ici et j’y partage le savoir de ma sage-femme Isabelle Deputier qui fait ce métier depuis plus de 30 ans dont 15 à domicile. Un épisode dans le podcast La Matrescence lui est consacré et en dit bien plus sur elle, son expérience et l’AAD en général si certains sont intéressés. Cet épisode fut pour moi le déclic final dans cette décision. Je m’étais un peu intéressée à l’AAD déjà (à travers des célébrités américaines où il est plus répandu) puis, des mois plus tard, je suis tombée sur l'épisode et j’ai su que c’est ce que je souhaitais. Mon mari, qui était contre par manque d’informations et par peur, a également été convaincu en l'écoutant. Quand je suis tombée enceinte, j’ai eu peur et c’est lui qui m’a dit d’appeler Isabelle. J’ai dû réécouter l’épisode pour me « donner le courage » de me lancer. Depuis, j’ai hâte d’y être, et pas uniquement pour rencontrer ma fille. Toutefois, je sais aussi que cela peut ne pas arriver et Isabelle nous prépare à tout type d’accouchement (transfert en maternité, péridurale et césarienne notamment.)
Un AAD ne se pratique qu’en cas de grossesse sans pathologie ni antécédents médicaux qui le contre-indiquent. Une grossesse gémellaire, de l’hypertension, du diabète (gestationnel ou non), un bébé qui se présente en siège, une grossesse qui dépasse le terme et doit être déclenchée, un trop gros bébé sont autant de raisons (entre autres) de ne pas pouvoir faire un AAD. Si aucun de ces « problèmes » ne survient, il n’est tout de même pas exclu, jusqu’au bout, de ne pas pouvoir accoucher à la maison. La sage-femme effectue des monitoring et peut, à tout moment et jusqu’à la délivrance, décider de transférer la femme à l’hôpital. Il est obligatoire d’être inscrite en maternité et d’avoir eu un RDV avec un anesthésiste.
Cet article est informatif et personnel. En aucun cas il n’est militant, condescendant ou critique d’autres choix ou du corps médical, des maternités et des médecins qui oeuvrent dans ces endroits. Pour moi l’AAD est un choix réfléchi, à deux, en accord avec mon mari et ma sage-femme, qui convient à MES convictions, pallie certaines de MES peurs et est donc purement personnel. Je ne jugerai jamais le choix d’une autre femme, d’une autre mère, quel qu’il soit. Je respecte chaque femme et j’admire chaque naissance. L’AAD me permet notamment de prendre conscience encore bien plus du pouvoir des femmes, peu importe leur accouchement. C’est un acte féministe. Peu importe comment la femme enfante, il faut lui redonner son pouvoir, c’est impératif.
L’AAD étant un accouchement entièrement physiologique (qui respecte le fonctionnement mécanique du corps humain donc sans péridurale ni aide médicale), je vais devoir parler des nombreux mécanismes naturels du corps et des bienfaits qu’ils engendrent, complètement anesthésiés voire supprimés par une péridurale. En aucun cas il ne s’agit de critiquer ou pointer du doigt les femmes qui l’ont choisie ! Il s’agit d’informer et d’expliquer en quoi la péridurale n’est pas systématique. Je donne des faits sourcés qui ne sont pas automatiquement calquables sur la réalité. Si j’insiste là-dessus, c’est surtout parce que 80 % des réactions face à mon choix ont été identiques: "sans péridurale alors?! » comme si j’étais folle. Il y a un véritable « formatage » sociétal que j’avais moi aussi. Avant de m’intéresser à l’AAD et à ce qu’il se passe dans le corps et pour le bébé durant un accouchement, je souhaitais un accouchement sous péri en maternité, comme une majorité de femmes. Aujourd’hui je ne la souhaiterais pas non plus en maternité. Toutefois, je n’exclus pas (je n’exclus rien, c’est la règle pour ce genre de projet) de la demander dans certaines circonstances. Je ne peux pas prévoir et je ne suis pas anti-péridurale. Avec cet article je vais même tenter d’expliquer pourquoi les femmes qui accouchent sous péri sont de vraies guerrières. Accoucher allongée sur le dos (pieds dans les étriers) et avec péridurale n’est tellement pas physiologique que ça relève de l’exploit.

Crédit photo: Vanessa Amot
Quelques chiffres :
L’accouchement accompagné à domicile représente 0,3 % des naissances en France (rapport apaad (association professionnelle de l’accouchement accompagné à domicile) de 2018.) L’OMS estime que sur les 140 millions de naissances dans le monde, la plupart se déroulent sans complications (source ordre sages-femmes.) L’OMS défend le droit des femmes à accoucher chez elles et souligne l’importance pour chaque état de faire cohabiter soin hospitalier et pratique sage-femme (source apaad.) «Nous voulons que les femmes accouchent dans un environnement sûr, avec l’assistance de personnel qualifié, dans des établissements bien équipés. Néanmoins, la médicalisation croissante des processus d’accouchements normaux diminue les capacités propres des femmes à accoucher et influe négativement sur leur expérience de l’accouchement», affirme le Docteur Princess Nothemba Simelela, Sous Directrice générale de l’OMS, chargée du Groupe Famille, femmes, enfants et adolescents.
Dans sa pratique de l’AAD depuis 15 ans, Isabelle note que dans 95 % des cas elle n’a pas eu à intervenir. Elle guide, soutient, encourage et fait les soins au bébé après la naissance. De toutes ses patientes qui ont accouché à la maison depuis 15 ans, aucune n’a fait de dépression post-partum.
***
L’accouchement physiologique :
Toutes les informations ci-dessous se trouvent dans le livre de Maïtie Trelaun, sage-femme, J’accouche bientôt : que faire de la douleur ?
« Tant que l’accouchement était une histoire de femmes, personne ne se préoccupait de la douleur. » Fernand Lamaze est le premier homme à proposer une méthode d’accouchement sans douleur qui révolutionne la société et bouscule la religion dans les années 50. Il permet à la femme de sortir de sa soumission à la douleur qui est alors considérée comme rédemptrice pour se racheter du pêché originel. Il prépare la femme à comprendre ce qu’il se passe dans son corps et le travailler (exercices de relaxation, respiration.) Pour cela, il comptait sur l’ambiance feutrée en salle de naissance, la liberté de position de la femme et la présence d’une sage-femme complètement disponible au couple. Il permet également au père d’être enfin catapulté dans l’histoire de la naissance. Ce mouvement s’inscrit dans l’accès pour la femme à la vie citoyenne, au droit de vote et droits du travail. Autant Fernand Lamaze permettait au père d’être pleinement acteur, autant la médicalisation a relégué le père au second plan et les conditions citées ci-dessus ne sont plus réunies en salle de naissance. Cette méthode s’est donc vue abandonnée au profit de la péridurale. Ce fut accéléré par la fermeture des petites structures au profit des grosses maternités dans lesquelles la technologie a bien souvent pris le pas sur l’humanité. «Pour la femme des années 1990-2000 rechercher l’indolorisation de l’accouchement n’est plus une démarche militante mais une norme, voire un dû. »
Comprendre ce qu’il se passe dans son corps pendant l’accouchement :
Le fonctionnement cérébral humain est le suivant : se côtoient le cerveau reptilien, le cerveau limbique et le néocortex. Ce dernier est le cerveau de l’intellect qui gère les pensées, les stratégies, les apprentissages. Le cerveau limbique gère l’attention, les émotions, les souvenirs, le ressenti. Le cerveau reptilien, primitif, gère la mémoire et les automatismes. C’est le côté instinctif. Nous possédons ce cerveau en commun avec les mammifères. Pour enfanter, la femme doit donc quitter son néocortex (donc son rapport à l’autre et avec l’extérieur.) Elle ne doit plus maîtriser ni contrôler et ainsi accéder à son cerveau reptilien. Elle déclenche alors le processus involontaire de l’enfantement et trouve sa solution à la douleur en étant instinctive. Une peur, des paroles rationnelles, le froid, la lumière, une présence inhospitalière sont autant de raisons pour elle de quitter son cerveau reptilien et ralentir le travail.
Le corps sécrète alors de l’ocytocine (hormone de l’amour) qui engendre les contractions. Un cocktail ocytocine/endorphines se met en place pour faire avancer le travail naturellement. La douleur ressentie pendant l’accouchement est physiologique, normale donc. Le corps sait et la douleur indique le début du travail. Elle est donc un signal pour le corps (et par extension la femme) que le bébé entame sa descente et qu’il faut se tenir prêt à l’accueillir. C’est un processus naturel qui évite que la femme ne soit pas prête et ne sache pas qu’elle doit enfanter (ce qui arrive.) Isabelle m’a ôté d’un poids énorme en me disant un jour « la préparation s’adresse surtout aux pères. Toi tu sais accoucher. Personne ne t’a appris à respirer ou digérer, là c’est pareil, tout est instinctif.»
Le bébé passe d’abord le col puis le bassin. Sa descente l’amène sur le transverse périnéal. La réaction qui s’ensuit est spectaculaire. Cela change toutes les sensations chez la mère qui perd tous ses repères. En découle un stress et une peur qui la font sécréter de l’adrénaline (hormones du stress.) Un rush d’énergie est libéré pour activer l’expulsion et s’ensuit de nombreux mécanismes naturels qui facilitent l’éjection du bébé et le préparent à la vie aérienne. C’est également un moment où la peur envahie souvent la femme, avant cette troisième et dernière porte. On l’appelle la « phase de désespérance. » La femme pense parfois mourir et c’est dans ce moment précis qu’elle pourra abandonner ou demander de l’aide médicale. C’est là que le soutien des personnes qui l’entourent est primordial.
En venant au monde, le bébé entame une descente de 14cm dans un tuyau étroit avec deux virages difficiles. Le premier est au niveau de la fin de la colonne vertébrale et du scrotum (d’où les contractions ressenties dans le dos quand le bébé appuie sur les nerfs à ce niveau.) Le second est à 90° au niveau du coccyx. En étant penchée en avant, la maman facilite cette descente qui se fait jusque dans le bassin. Celui-ci est asymétrique et légèrement plus large à gauche chez les femmes (parce que la position idéale et naturelle des bébés est dos à gauche et tête en bas.) Il est donc nécessaire que la femme soit dans une position qu’elle choisit et en avant. Cela permet une descente naturelle pour le bébé qui se fraye tant bien que mal son chemin. Chaque contraction permet de pousser le bébé dans la bonne direction. Toutefois, pendant le repos, il faut continuer à l’aider et le guider. Ainsi, le mouvement circulaire du bassin est une bonne façon de l’aider à descendre. Une position allongée sur le dos n’est donc pas naturelle et peut grandement ralentir le travail. (Isabelle estime normal un travail de 10h pour un premier bébé.) De même, la position allongée sur le dos ne permet pas de soulager ses lombaires lorsque le bébé appuie dessus en déclenchant d’importantes contractions ni d’ouvrir le bassin pour permettre le passage.
Avant un accouchement naturel, il faut se préparer. Un sportif n’envisagerait pas d’entamer un marathon sans préparation (massages, séances de kiné etc.) pour ne pas se déchirer et pour être en forme. Ici, c’est pareil. Pour cela, maintenir des positions « ventre en avant » les mois avant la naissance est important pour que le bébé soit habitué à une position physiologique de descente (nos jobs assis sur une chaise ou la position couchée sur le canapé sont donc à proscrire ou minimiser si possible.) Il faut également préparer son périnée en le massant. 80 % des périnées préparés ne se déchirent pas ! C’est un muscle, on le masse et on l’entraine comme avant un effort physique. Encore une fois, la position couchée sur le dos n’est absolument pas naturelle pour le périnée lors de l'accouchement. Il existe également des étirements exprès et le yoga prénatal est très bon pour ça. Evidemment, ceci est une préparation idéale et optimale mais nous sommes humaines et surtout très occupées, et il est parfois difficile de prendre le temps. J'en suis un très bon exemple alors que je l'ai le temps en ce dernier trimestre et que je n'ai pas de premier enfant dont je dois m'occuper.

Crédit photo: Vanessa Amot
En effet, pour l’expulsion, la maman a besoin de se mettre dans la position qui lui convient et la soulage. Egalement celle qui lui permet de pousser efficacement en mobilisant ses abdos pour cette poussée uniquement. La position adéquate est propre à chacune et instinctive. Or, pousser un bébé allongée sur le dos, qui plus est en ayant la péridurale donc sans sentir l’avancée ni les sensations, est extrêmement difficile. En effet, la maman se redresse et pour cela mobilise une partie de ses abdos qui ne sera donc plus utilisable pour pousser et contracter le périnée. Son souffle est d’autant plus court et l’effort plus difficile.
Une amie m’a raconté que pour sa première fille, elle souhaitait un accouchement naturel sans péridurale. Elle a géré ses contractions chez elle puis est arrivée à la maternité pour sa prise en charge. Le travail était relativement avancé mais elle se sentait bien. Dès qu’elle a été allongée dans la salle de naissance avec le monitoring, elle n’a plu réussi à gérer ses contractions parce qu'elle était sur le dos. Elle a donc demandé la péridurale. Elle a tellement regretté ne pas pleinement vivre cet accouchement qu’elle a fait la majorité du travail chez elle pour la deuxième et a demandé à gérer une fois à la maternité. C’était une autre époque (il y a 15 ans) mais ce sont des témoignages encore très répandus.
Les bienfaits d’un accouchement naturel pour le bébé :
Michel Odent, gynécologue obstétricien connu pour ses travaux sur l’accouchement physiologique dit que la femme n’a besoin que de deux choses pour accoucher : se sentir en sécurité et ne pas se sentir observée. Il explique que dans certaines situations, nous avons besoin de stress. Les hormones de stress jouent des rôles multiples. Pendant un accouchement, le bébé est donc exposé aux hormones de stress maternelles et foetales. Celles-ci sont indispensables pour la maturation du système respiratoire du bébé. De même, une étude suédoise montre que les hormones de stress foetales achèvent la maturation du sens de l’odorat chez le nouveau-né. Toutes les hormones que produisent la mère et le bébé durant l’enfantement ont un rôle clé dans leurs interactions futures. Aujourd’hui dans le monde, le nombre de femmes qui mettent au monde un bébé grâce à ce cocktail d’hormones de l’amour est devenu insignifiant. L’ocytocine n’est plus naturelle mais sous perfusion, on planifie des césariennes sans sécrétions vaginales etc.
De même, l’équilibre de la flore intestinale se fait à la naissance. Le bébé se dégage du vagin sur l’anus et récupère ainsi les agents pathogènes de la mère. Si rien n’a été introduit dans la bouche ou le nez du bébé entre son contact avec l’anus et celui avec le sein, l’équilibre de sa flore intestinale est acquis. De même, lors d’un AAD, le bébé va bénéficier d’un environnement non aseptisé (contrairement aux hôpitaux), ce qui sera finalement bien meilleur pour son microbiote (ensemble des micro-organismes qui vivent dans un environnement spécifique.)
***

Crédit photo: Vanessa Amot
Mes raisons à moi :
Elles étaient principalement féministes et personnelles au début. J’estime qu’on fait un enfant à deux et qu’il est aberrant de se retrouver seule avec son bébé, ne serait-ce que quelques heures, après un premier accouchement. J’ai été marquée par une amie qui m’a confié s’être totalement effondrée quand son compagnon a quitté la maternité pour la première nuit. Désemparée face à son fils, en n’ayant aucune notion ni expérience avec un nouveau-né. De plus, je n’ai jamais pu associer de choses heureuses aux hôpitaux pour des raisons personnelles. Pour moi ils sont synonymes de maladie, de traitements, de quelque chose de grave. Etre enfermée dans une chambre austère, entre quatre murs, sans pouvoir me déplacer à ma guise et dans un hôpital m’angoisse au plus haut point. Aussi, je suis très sensible et je sais que je pourrais ressasser des jours durant une réflexion peu bienveillante d’un membre de l’équipe médicale, en entachant considérablement ces premiers jours (tout comme des conseils non sollicités durant des visites par exemple.)
Cependant, la raison principale était (et reste) une naissance naturelle, calme et sereine pour mon enfant. Beaucoup de bébés nés à la maison bénéficient directement d’un environnement doux, silencieux et rassurant, pour eux et les parents. Il n’y a pas de soins superflus et le bébé reste calmement dans les bras de sa mère aussi longtemps qu’il le faut, pour lui assurer une transition en douceur, après 9 mois dans un cocon. A la maison moins de brouhaha, de lumières aveuglantes, d’apesanteur douloureuse ou de perte de repères. Personne ne réveille la mère et l’enfant en pleine nuit ou tôt le matin. Je sais que de plus en plus de maternités veillent à recréer ce type d'environnement.
Depuis, j’ai appris ce que je peine à « résumer » dans cet article. Les informations et l’éducation à l’accouchement naturel que j’ai acquises me passionnent et me permettent de mieux comprendre ce qu’il se passe dans mon corps, ce qu’il se passe pour mon bébé et ce que je vais vivre. Je (re)prends le pouvoir. L’AAD s’inscrit dans mon besoin d’être informée, de comprendre et savoir, d’avoir un certain contrôle. Egalement, et c'est une dimension très importante pour moi (et le papa), dans une démarche féministe où la femme reprend le pouvoir et où l'égalité avec le père est beaucoup plus assurée qu'en maternité. En effet, ce qu'Isabelle trouve de plus beau, c'est de partir discrètement après la naissance en laissant dans ce grand lit d'amour une mère, un père (ou un deuxième conjoint) et un bébé, ensemble. Le père est acteur, ne part nulle part, n'a pas d'horaires pour voir son enfant et la mère n'est pas seule avec lui alors que l'enfant a été fait à deux. Encore une fois, c’est très personnel et je comprends parfaitement que ce soit une démarche qui n’a aucun intérêt pour d’autres.
Dans les faits :
Nous sommes suivis par Isabelle Deputier, qu’on a la chance d’avoir à proximité (enfin 50mn quand même) car peu de sages-femmes effectuent des AAD. C’est surtout une question d’assurance exorbitante qu’on leur demande de payer. Nous la voyons tous les mois pour une consultation où elle vérifie la position de ma fille, mon placenta, l’avancée de la grossesse, les prises de sang etc. Au troisième trimestre, elle ajoute à ces rdv des séances de préparation à l’accouchement. Beaucoup de mes données dans cet article proviennent de celles-ci (qui ne sont pas terminées!) Dans notre cas, et parce qu’Isabelle est à 50mn, elle est rejointe par un autre sage-femme libéral qui lui ne fait pas d’AAD. Il est donc un second point de repère pour nous et surtout la personne à contacter en cas d’urgence. C’est aussi lui que nous contacterons au début du travail pour qu’il soit sur place plus rapidement en attendant Isabelle. Il sera accompagnant (avec notre autorisation.) Ce sage-femme nous prépare, en complément d’Isabelle, sur l’allaitement et le post-partum. C’est lui qui prendra ensuite le relais et viendra faire les soins au bébé.
Dans le mois qui précède la naissance, Isabelle vient faire un repérage à domicile. Elle repère ainsi la route, le temps de trajet, où et comment se garer (en ville) et la maison. Elle donne une liste de certains médicaments à acheter (pour des points de suture par exemple.) Le jour J, elle amène avec elle un siège d’accouchement, une bouteille d’oxygène, un kit de réanimation pour la maman et pour le bébé, des produits anti-hémorragiques... Elle n’intervient que dans 5 % des cas (une épaule qui coince, un placenta à vérifier notamment.)
A tout moment de la grossesse ET de l’accouchement, elle peut décider de transférer la mère dans sa maternité de secteur où elle est déjà inscrite. La préparation inclut une séance sur tous les types d’accouchement pour bien faire comprendre aux femmes/parents qu’ils ne décideront finalement pas de tout voire de rien. Même avec une préparation optimale, un environnement rassurant, une volonté de fer, si l’enfant n’est pas dans la bonne position et ne veut pas, il sera le seul à décider.
Si je souhaite accoucher à domicile je dois donc être très vigilante sur mon alimentation et mon poids. Beaucoup de personnes dans mon entourage ne le comprennent pas et m’assènent d’en profiter car ça n’arrive pas tous les 5 ans et que je perdrai mes kilos. Or, si le bébé est trop gros, un accouchement naturel peut être impossible. Si je mange trop peu équilibré et développe du diabète gestationnel, je serai automatiquement transférée en maternité. (Je sais que le diabète gestationnel n'a parfois rien à voir avec l'alimentation mais ma sage-femme est très claire sur ce qu'on doit manger pour l'éviter à tout prix.) C’est aussi pourquoi ces sujets me tiennent tant à coeur.
J’ai ma vision à moi de l’accouchement de mes rêves chez nous. Il inclut la cheminée, le sapin de Noël, les guirlandes, mon chien et mon mari auprès de moi, éventuellement une piscine. Je sais que ça ne se passera peut-être/sûrement pas comme ça voire pas du tout. Je l’accepte difficilement mais je le sais.
***
Michel Odent dans un épisode de podcast, est interrogé: « Quelles sont les conséquences pour l’humanité si on continue de perturber autant les naissances? » Il répond que c'est une question essentielle qui dépend des conditions culturelles et des prises de conscience. Il ne faut pas anticiper mais il faut prendre conscience que cette question est la plus importante aujourd’hui. Il interroge à son tour: « Quel est l’avenir de l’humanité s’il n’y a plus besoin d’hormones de l’amour pour mettre au monde un bébé? Et quel est l’avenir de l’humanité si le système immunitaire des êtres humains n’est plus programmé dès la naissance par des microbes amicaux d’une grande diversité? » ...
Comments