"On ne dit jamais assez aux gens qu'on aime qu'on les aime"
- Chloé
- 26 août 2018
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 sept. 2021

Samedi 4 Août 2018, 7h30: le réveil sonne. Nous sommes encore sur le petit nuage de la veille après s'être mariés à la mairie entourés de nos témoins, parents et grands-parents, et avoir fêté ça dans un bar.
Un petit déjeuner sur la terrasse face aux vignes, sous la canicule qui pointe déjà le bout de son nez, et chacun de nous vaque à ses occupations.
Midi: fin d’une matinée marathon et d’une heure de grâce entre les mains du coiffeur, à tenter de diminuer par dix le stress qui monte. Apparemment ça ne se voit pas, moi je le sens !


13h: arrivée sur les lieux du mariage. Mes témoins sont déjà là. Il fait 36 degrés, on file dans la véranda climatisée des beaux-parents, cachée derrière la maison, loin des regards curieux. J’entends Thomas passer en coup de vent pour prendre sa douche. Je voudrais me blottir contre lui, écouter ses mots apaisants ou même lui prendre la main et lui dire « viens on file tout les 2 ! » Je prends la mesure à ce moment, une fois de plus, de sa capacité à me calmer et surtout du fait que depuis 2 ans de vie à l’étranger, c’est uniquement sur lui que je compte en plus de moi-même. Et ce n’est pas rien ! Il repart se préparer chez ses témoins qui habitent à côté.
Dans la véranda, c’est l’effervescence. Des habits jonchent le sol, les miroirs sont étalés partout, les lisseurs chauffent. Marion, une amie avec une formation de photographe, nous mitraille avec son appareil, les filles se coiffent. L’esthéticienne arrive. Avant de passer entre ses mains de fée, c’est l’épreuve de la taie d’oreiller qu’on me met sur la tête pour ne pas abîmer ma coiffure en enfilant ma robe. J’oublie que celle-ci a une fermeture éclair, je panique, on s’y reprend à 3 fois, je suis en sueur. Au bout de dix minutes, me voilà habillée !

15h: les invités commencent à affluer devant chez mes beaux-parents, point de RDV sur notre faire-part. J’envoie ma sœur en urgence déposer les pétales de fleurs le long des bancs pour la cérémonie. Famille et témoins sortent accueillir les premiers arrivants. Mes petits lutins se chargent de faire les pigeons voyageurs : « untel est arrivé », « untelle et untel sont là. » Jusqu’ici je ne pensais qu’à certaines personnes quand j’imaginais le mariage, ça me rappelle qu’il y a en fait 130 invités ! Gloups.

15h20: on m’annonce que la procession est partie à pieds dans le jardin des grands-parents du marié, à dix minutes, où se tiendra le mariage. Je ne pense qu’au fait qu’ils doivent mourir de chaud et j’espère que les bouteilles d’eau sont installées dans la petite calèche à l’entrée de la cérémonie. Je peux enfin sortir de la véranda. Mon stress est à son comble. Mes parents tentent de me calmer, rien n’y fait.
16h: pas de nouvelles de ma sœur. Je m’inquiète et m’impatiente et finis par convaincre mon père de l’appeler. Elle répond pour ne dire que : « je te rappelle » d’un ton sec et précipité. Mes jambes me tiennent à peine.


16h15: feu vert pour nous rendre dans le jardin, enfin!! On y arrive cinq minutes plus tard en voiture. Je reste dans la cour de devant pendant que tous les invités attendent installés dans le jardin derrière la maison. Dans l’allée de graviers qui relie la cour et le jardin, sur le côté de la maison, les témoins, Thomas et ses parents, attendent les premières notes de musique, celles qui indiqueront qu’il est temps pour eux de faire leur entrée. Ils avancent sur Whatever it Takes d’Imagine Dragons. Quand Thomas et ses parents sont partis, mon père me fait signe d’avancer pour prendre leur place dans l’allée. Mon ventre n’est plus qu’un nœud, mes mains sont moites, mes jambes flagellent. Je tente des exercices de respiration depuis dix minutes, en vain. Mes parents ne m’ont jamais vue aussi angoissée, je crois que je leur communique ma peur...

16h30: les violons de Queen of Peace de Florence and the Machine débutent leur envoûtante mélodie. J’attrape les bras de mes parents, il n’y a plus qu’à ! Je tente de sourire pour ne pas gâcher les photos ni mon arrivée par mon angoisse. Et finalement, lorsque je vois les premiers invités me regarder en souriant, mon ventre se dénoue instantanément, mon sourire s’élargit, mon cœur explose de bonheur. Les voir tous ici, si heureux, si beaux, est certainement l’un des plus jolis moments qu’il m’ait été donné de vivre. A quelques mètres du tonneau qui nous sert de pupitre, je me concentre sur Thomas, magnifique, qui m’attend avec un sourire béat et des yeux qui brillent. Nos témoins sont juste derrière, rassurants. Philippe notre maître de cérémonie, un ami de la famille depuis ma plus tendre enfance, reprend son micro avec un professionnalisme déconcertant. C’est parti !

La cérémonie laïque dure environ 1h30. Nous l’avons écrite entièrement, à l’exception de deux textes que nous choisissons de faire lire, et de discours surprise de nos proches. Nous débutons par des remerciements ainsi qu’une pensée émue pour les absents. Puis, Philippe annonce un discours de la famille de Thomas : sa maman, son parrain et son oncle se passent le relais. Nous enchaînons par notre propre discours sur la famille et les valeurs qui lui sont liées. C’est ensuite au tour de l’amitié. Pour nous, l’amitié s’apparente à ce bateau ou encore cette barque qui tangue, dans lesquels nous embarquons à 5, 10, 15 ou 20 ans et que nous choisissons de prendre chaque jour, année après année, malgré les obstacles et la distance. Car la beauté de l’amitié réside dans le fait qu’elle est un choix. Le choix de s’aimer, se choisir et se souhaiter le meilleur. Nous clôturons cette première partie avec deux amis qui entament à la guitare une chanson de Louis Chedid, On ne Dit Jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime. A ma grande surprise, ils sont accompagnés de toute ma bande d’amis de la fac, qui chantent en chœur.
Ma grand-mère lit ensuite un texte d’Erri de Luca, Valeurs, pour refléter notre vision de la vie. C’est ensuite au tour de mes parents et ma sœur de faire un discours surprise. Les larmes coulent. Ils passent le relais à mes deux autres témoins et amies, qui me font l’honneur d’un discours drôle et émouvant.
Nous terminons par nos vœux l’un pour l’autre, suivis d’un court texte extrait du livre Conversation Amoureuse, de Jacques Lusseyran, à la suite duquel nous récupérons un mot écrit par chacun de nos témoins, que nous déposons dans une boîte en bois qui contient déjà deux bières artisanales brassées par un ami spécialement pour l’occasion. Nous déposons enfin nos discours et vœux et scellons la boîte que nous ouvrirons dans 3 ans. Nous sortons suivis de nos témoins sur A Sky Full of Stars de Coldplay.
En dehors de nos vœux, nous avons décidé de concentrer notre cérémonie sur les personnes présentes, notre communauté à nous, ainsi que notre façon de voir la vie en général, plutôt que de retracer notre histoire comme c'est souvent le cas. Ceci est un choix purement personnel.


Nous n’avons pas organisé de vin d’honneur à proprement parler et aucun invité ne quitte le mariage avant le repas. Nous profitons donc tous d’un cocktail dans le jardin sans contrainte de temps. Nous servons du mojito, marquisette, et de la bière. Mon ami Antoine, qui a revêtu son kilt pour l’occasion, ne quitte pas son tonneau où il fait déguster et découvrir sa bière artisanale aux amateurs et connaisseurs. Il a collé des étiquettes spécialement conçues pour l’occasion, sur lesquelles trône fièrement notre campervan Lino.
D’ailleurs Lino est au centre de l’attention de l’autre côté du jardin, où il accueille les curieux, notre livre d’or, une « expo » photos de nos voyages et une caméra pour filmer des messages de nos invités. Un groupe de jazz manouche, Swing by Me, vient égayer ce cocktail festif, en terminant par une musique brésilienne jouée spécialement pour nous deux, en prévision de notre départ imminent dans le pays comme prochaine expatriation.
Les deux bergers allemands de la famille, First et Gabin, flânent dans le jardin au milieu des invités qui discutent, jouent à de grands jeux en bois ou au molkky, ou cherchent l’ombre. Pendant ce temps, nous perdons toute notre eau lors d’une séance photo de plus d’une heure où Simon, notre ami et photographe, nous mitraille en photos de groupes. La queue s’allonge, on nous apporte des bières à tours de bras, les amis de Thomas sont aux petits soins pour la mariée, Thomas râle, les mamies se précipitent pour ne pas louper les photos.


Si les cochons de lait n’étaient pas bientôt cuits, le cocktail aurait certainement duré, duré, duré. Mais il est temps de passer à table sous nos grandes tentes. Heureusement, la nuit est tombée et la canicule a baissé. Chaque tablée porte le nom d’un pays que nous avons visité ou dans lequel nous avons vécu, et accueille environ une trentaine de personnes, qui se placent où elles le souhaitent, dans le pays qui leur est attribué. Nous avons disposé du lierre et des pommes de pain sur les tables et chaque pays est indiqué sur une petite ardoise sur chevalet. Quant à nous, nous disposons d’une petite table ronde rien que pour nous. Nous ne nous y attablons que deux fois, à raison de dix minutes à chaque fois. L'entrée des tentes est marquée par un chevalet avec plan de table d'un côté et menu de l'autre, ainsi qu'un tonneau sur lequel est posée une cage à oiseaux en guise de cagnotte.

Après dégustation des terrines maison de mamie Odile, c’est au tour des cochons de lait et du marcassin, accompagnés de pommes de terre cuites dans la sauce, et de salades de saison. Fromage puis tartes aux fruits de saison en dessert.
Le dancefloor est bientôt envahi. Après quelques minutes enflammées durant lesquelles nous alternons danse et discussions avec nos invités, mon père installe un immense drap blanc devant la piste de danse et quelqu'un vient nous chercher. Suspense, puis le drap blanc tombe et la chanson Sugar de Maroon 5 retentit. Mes amis de fac font semblant d'interpréter la chanson, guitares à la main, masques d'Adam Levine sur le visage (ou d'Emma Watson pour Thomas qui en est amoureux.) Fou rire et coeur rempli d'amour pour cette surprise réussie et si attentionnée! (Maroon 5 est l'un de mes groupes préférés et la chanson Sugar voit le groupe surprendre des mariés à L.A. lors de leur D-day.)
La soirée se poursuit en douceur et dans la joie, sur la piste, sur les canapés de paille dans le jardin, dans notre campervan. Chacun mène sa petite vie, certains font même des siestes réparatrices dans le fond du jardin, blottis sur les bottes de paille.

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Après avoir subi l’organisation du mariage pendant presque 8 mois, et d’autant plus la préparation la semaine précédant le jour J, parce que nous n’étions pas en France auparavant et qu’il a fallu faire en une semaine tout ce qu’on aurait pu préparer petit à petit en 6 mois ; après avoir pleuré de fatigue à J-3, laissé tomber une chorégraphie qu’on avait pourtant répété des soirs durant chez nous ; après m’être laissée envahir par l’angoisse de peut-être quitter la France pour le Brésil quelques jours seulement après le mariage, sans avoir profité des miens parce que j'avais la tête dans le guidon ; le jour J a été un bonheur au-delà de toutes mes espérances. Bien que j’aie dû renoncer à de nombreuses choses pour ce jour qui n’avait plus rien d’un mariage intime à 60 personnes avec une déco digne des sites américains que je regardais, tout ce qui m’importait réellement était de faire passer quelque chose aux gens que j’aime, et surtout de partager un moment privilégié avec eux. Je souhaitais qu’ils se détendent et profitent de l’essentiel : être avec les gens qui nous sont chers et prendre le temps dans nos vies de folie. Ce weekend était dédié à l’amour, à l’amitié, à nous tous et surtout aux nôtres. Nous rêvions que chacun fasse des rencontres, que tous se mélangent et que cette grande famille soit heureuse. Et les retours que nous avons depuis nous ont confortés dans l’idée que c’était bien là l’essentiel et que l’on semble avoir réussi ce qui nous importait le plus.
« A la fin du voyage, tout ce qui compte est l’amour qui a existé et l’intensité de l’instant présent, la vivacité de nos souvenirs et de ce qu’on a ressenti. » (Très court extrait de mes vœux de 12mn. Oups.)
Merci à tous ceux qui étaient présents ce jour-là mais surtout qui le sont chaque jour, d’avoir fait de ce weekend ce qu’il était et de nous avoir autant donné, transmis, et fait rêver. Et merci à tous ceux de notre vie et ceux qui sont dans la vie de ceux qu’on aime et ainsi de suite, de nous prouver que croire en l’amour avant toute chose n’est pas une mode niaise du 21ème Siècle ! Nos cœurs sont infinis, ils ont des milliers de petites poches pour des milliers d’amours et d’amitiés.
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- Nous avons célébré le mariage dans le jardin familial de ma belle-famille où nous avions installé trois immenses tentes bâchées sur les côtés. Nous avons utilisé comme traiteur un cuisinier que l’on connait pour les salades et desserts. La viande était prise en charge par un professionnel qui faisait griller les cochons depuis l’après-midi, achetés chez quelqu’un de confiance. Nous avons commandé le pain dans une boulangerie de la ville où j’ai grandi (boulangerie Bouillot à Beaune, 21) et le fromage dans une fromagerie du coin également (fromagerie Delin à Gilly-lès-Citeaux, 21.)
- J’ai fait faire ma robe par une amie styliste à Paris, Marie Camille Goutteratel, qui m’a apporté du tissu à choisir en Janvier à Londres où nous avions RDV, et qui m’a ensuite accueillie 2 fois chez elle à Paris. Son travail a été excellent et pointilleux et ma robe, qui n’a pas ressemblé du tout à son modèle de base, était encore plus belle, pour une très petite somme. Elle a tenu de 16h à 5h avec du double face au décolleté (mon sauveur!)
- Je suis allée me faire coiffer à Beaune (21), au salon Changer d’Hair, où mon coiffeur et ami Kevin s’est encore une fois chargé de me régaler ! Je me suis faîte maquiller par Marine de Belna’Na, esthéticienne à son compte à Beaune (21), qui, sans essai préalable m’a fait un maquillage superbe, discret et simple, comme je le souhaitais.
- Notre photographe et ami Simon Daval (son site ici ) nous a fait l’honneur de nous immortaliser et jamais nous n’aurions pu penser que ses photos seraient si belles, même en connaissant son talent ! Toutes les photos de cet article (exceptées celles du jardin vide et des préparatifs, ces dernières ayant été prises par mon amie Marion citée plus haut), sont de lui.
- Ma couronne de fleurs vient du fleuriste Les Jardins de la Lauve à Ladoix-Serrigny (21), où la gérante m’a également fait quelque chose de superbe, en 2 jours, avec seulement deux photos envoyées à la va-vite au milieu des préparatifs.
- Le groupe Swing by Me était composé ce soir-là de 3 musiciens. Basés à Dijon (21), ils adaptent le groupe aux envies et budgets des mariés.
La note de notre mariage s’est élevée à environ 6000/7000€. Nous souhaitions dépenser moins il est vrai, malgré le fait que nous restons sur une addition bien moins salée que les honoraires habituels. Toutefois nous ne regrettons pas puisque nous sommes restés dans ce que nous voulions, du local et du DIY majoritairement, un mariage simple à notre image. Si c’était à refaire et que nous avions l’argent à mettre dedans (c’est-à-dire surement jamais car il y aura toujours un voyage, tour du monde ou expatriation qui vaudra davantage la peine d’être vécu, et que nous ne le referons pas de toute façon), nous prendrions quelqu’un pour tout organiser pour nous. Toutefois, aucun regret, si ce n'est celui que ce weekend soit passé bien trop vite!

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