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"Les femmes n'ont point de plus grands ennemis que les femmes"

  • Chloé
  • 8 mai 2017
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 sept. 2021





Un peu plus tôt aujourd’hui, je discutais avec une amie (de celles qu’on devrait exiger autour de nous, cultiver, celles qui nous écoutent, nous soutiennent et nous respectent), de ce besoin qu’ont certaines femmes, qu’on a eu nous aussi à un moment donné, de rabaisser ou critiquer nos égales. Sur leur physique, leur vie, leurs choix ou leur intellect, simplement pour se sentir mieux dans notre peau. Du coup, on a vite dévié sur le fait qu’il fallait admettre que particulièrement en Europe, beaucoup en France, on avait un culte malsain pour la perfection chez la femme (au-delà du corps, même si le gros du problème réside ici) et qu’on nous demandait d’être tout à la fois : femme, amie, mère, fille, petite-fille, travailleuse, drôle, pas chiante, intelligente, avoir un corps désirable mais ne pas dire non aux burgers pour ne pas être cataloguée "chieuse" ou "pas fun". Depuis le début, on nous dit qu’on doit être des femmes fortes et indépendantes, qu’on doit vivre par nous-même tout en nous poussant à faire plaisir aux autres, aux hommes surtout, avant de nous faire plaisir à nous. Et, il faut l’admettre, bien que ce ne soit pas le cas pour toutes les femmes, les hommes ont une place importante dans nos vies et on ne sait donc plus où se positionner.

Après tout, le féminisme consiste à vouloir une égalité totale hommes/femmes, pas à se trimbaler en soustif dans la rue, une main dans la culotte, notre grande bouche vociférant que tous les hommes sont des sales cons ! Non, le féminisme c’est pas vraiment ça. Pour moi, ça consiste à accepter que l’homme puisse avoir autant de place que nous sans jamais accepter d’être « moins ». Et pourtant, on doit vivre avec ça quotidiennement, être « moins ».  Et on doit aussi vivre avec cette époque moderne qui impose à la femme d’être forte et de dire « pas besoin des hommes moi ! » en levant fièrement le poing et en rabaissant toutes les autres qui se sentent incomplètes sans eux. Le féminisme pour moi c’est s’assumer, être indépendante mais admettre aussi que l’homme, il fait partie de notre vie et nous complete, sans qu'on en dépende. Ou accepter qu’on soit mieux seule mais que ce ne soit pas le cas de toutes.


Du coup, là, je suis en train de me demander d’où viennent toutes ces conneries. Je me demande à quel moment les choses ont tellement mal tourné que les femmes ont été obligées de se tirer dans les pattes pour se sentir être quelqu’un. A quel moment il a été convenu que je détesterais et dénigrerais l'ex de mon mec juste parce que c’est l’ex de mon mec, avant d’être une femme, une amie, une fille, une petite-fille et tellement plus que ça… Je me demande à quel moment il a été normal et concevable de demander à une femme d’être tout, d’être quelqu’un qu’elle n’a pas nécessairement décidé d’être. De lui dire qu’elle n’a pas besoin d’hommes, qu’elle doit être forte et de ne pas l’autoriser à dire « j’en peux plus! Pour une fois, une seule, j’aimerais tellement qu’un homme soit là pour me soutenir et me rassurer. » Et qu’en même temps, on demande à cette femme de ne pas être avec un homme juste pour avoir de l’aide et de la compagnie, ce qui est aussi très très vrai

Je me demande à quel moment on a demandé aux femmes de faire à tout prix des études, qu’on les a dénigrées parce qu’elles ne souhaitaient pas en faire ou qu’elles avaient envie de rester chez elles parce qu’elles se sentaient plus la fibre maternelle que quoi que ce soit d’autre. A quel moment élever ses enfants à temps plein est devenu si inintelligent, dégradant, régressif. Et puis, on dit aux femmes d’être qui elles veulent mais on n’accepte pas que l’une d’entre elles dise « je ne veux pas d’enfant » sans être choqué et vouloir la faire changer d’avis. On dit aux femmes qu’elles sont libres mais la plupart ont peur d’annoncer qu’elles sont enceintes au travail ou repoussent la date fatidique pour donner un élan à leur carrière qu’elles savent sur la sellette avec bébé.


Je me retrouve là-dedans pour des raisons bien plus personnelles. Parce que souvent, j’ai choisi mon compagnon plutôt que me choisir moi et qu’aujourd’hui je me demande souvent si quand je me pose des questions sur ces choix, ce sont vraiment les miennes ou plutôt celles de la société qui pousse, juge, méprise, raille… Parce que finalement, je suis très heureuse comme ça et je me suis choisis moi aussi en le suivant lui. Parce que je travaille de chez moi, je me demande si je suis encore assez bien, assez intelligente, assez travailleuse, si je ne suis pas en train de rater ma vie. Parce que je suis avec un homme génial et intelligent qui a un boulot prestigieux dans cette société élitiste, une position amplement méritée certes, je suis souvent effacée aux yeux de certains. Effacés mes études, mes efforts, ce que je suis en tant que personne. Parce que quand je n’ai pas envie un soir, je me demande si je ne devrais pas me forcer. Parce quand j’ai envie de me plonger dans un bouquin, de mettre des chaussettes par-dessus un vieux pyjama et me goinfrer de chocolat je me dis « attention Chloé, ne fais pas trop ça, c’est un tue l’amour. » Parce que quand j’ai envie de faire pleins de choses mais pas de m’occuper de ma moitié ou de me dévouer à notre relation, j’ai peur qu’il aille voir ailleurs parce que je suis trop peu attentionnée. Parce que quand je sors avec mes amies, ça choque encore certaines personnes qui se demandent si je ne vais pas le tromper ce soir-là. Mais qui me chuchote tout ça ? Certainement pas mon compagnon qui lui m’aime encore plus quand je suis tout ça. Alors pourquoi ?

Pourquoi je vois ces femmes fortes, intelligentes, chacune tellement différente, ne pas assumer ce qu’elles sont, douter, se rabaisser et surtout ne pas se soutenir?! Chacun sa merde? Pourtant ici il semble qu’on soit toutes plus ou moins dans la même de merde. 


Quand laissera-t-on tranquille nos amies, nos sœurs, nos mères, les femmes qui nous entourent? Qu’on les laissera être qui elles veulent, avec leurs défauts, leurs qualités, leurs choix? Qu’on arrêtera d’être les premières à les juger pour nous sentir mieux cinq malheureuses minutes? Quand évoluerons-nous vraiment avant de se dire évoluées ? Quand déciderons-nous que c’est à ces voix qu’on doit vociférer qu’elles sont des sales connes plutôt qu’aux autres femmes?


A toutes les femmes de ma vie, je vous aime. A vous et aux autres, vous êtes belles, fortes et capables. Merci pour ce que vous êtes. 



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