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La Baie d'Halong, quand la beauté réduit au silence

  • Chloé
  • 10 avr. 2017
  • 6 min de lecture

La Baie d’Halong ou Ha Long Bay est très certainement l’un des sites les plus connus du Vietnam et les plus visités. Cette baie, peuplée de 1969 îles karstiques, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Son nom signifie « descente du dragon » et vient de la légende qui raconte qu’un dragon est descendu autrefois sur la baie afin d’aider à domestiquer les courants marins. Avec sa queue, il entaille la montagne et fait monter le niveau de l’eau. Seuls les plus hauts sommets réussissent à émerger. C’est en effet une belle description.

Nous partons le vendredi matin depuis Hanoï. Nous embarquons dans un petit bus avec un groupe de jeunes européens. Nous sommes environ 25 personnes et un guide. Le trajet est folklorique. En robe et tongs, nous nous faisons tremper une première fois en rejoignant le bus depuis l’auberge de jeunesse avec laquelle nous avons réservé le tour. Comme en Malaisie, ici les orages et les pluies ne sont pas légers. Nous arrivons donc trempées de la tête aux pieds dans le bus. Très vite il faut sortir les pulls! Nous nous ferons mouillées ainsi jusqu'à notre arrivée à l'entrée de la baie.

Là, la pluie, nos vêtements et nos pieds trempés n’ont plus grande importance. Au large, un village de pêcheurs, directement sur l’eau. Derrière, les îles, plus ou moins grandes, émergent comme miraculeusement de l’eau. Leur végétation, très exotique et luxuriante, les rendent encore plus belles. Elles semblent être si nombreuses et s’étendre si loin. Le temps n’est pas avec nous, il fait très gris et l’on ne distingue pas la baie aussi bien que s’il faisait beau mais la traversée est exceptionnelle. Le lieu est mystique. Nous arrivons au resort, seul sur une petite île. Malgré la beauté du lieu, le logement fait moins rêver. En réalité, le tour parque tous ses membres dans le même dortoir, d’une vingtaine de lits superposés avec deux douches et deux toilettes.

L’après-midi, nous prenons un bateau et partons enfin faire un tour dans la baie. Il fait meilleur bien que plutôt frais mais nous montons tous sur le pont pour apprécier pleinement la vue. Notre guide sort son enceinte portable et met de la musique. Sur le côté, un employé du resort distribue des bières dans une glacière. La baie est spectaculaire, difficile de la décrire. Les îles sont infinies, elles émergent çà et là sur l’eau, parfois forment un chemin étroit dans lequel s’engouffre le bateau. Elles sont partout, donnant l'impression d'ouvrir la voie au bateau au fur et à mesure que l'on s'enfonce. Plus au large, nous accostons et certains se risquent à sauter à l’eau depuis le pont. Puis nous nous enfonçons dans la baie et atteignons bientôt le deuxième point du jour, une petite maison sur pilotis sur l'eau, aux pieds d'une des îles, où nous attendent une femme et son chien et les canoës. Nous partons ainsi, tout le groupe, pagayer aux pieds des îles, en plein cœur de la baie. Nous sommes si insignifiants face à ces gigantesques rochers qui s'élèvent devant nous. Nous repartons bientôt, reprenons le bateau et rentrons nous réchauffer au resort. Malgré les conditions météorologiques et le tour en bateau que l'on aurait aimé plus long, l'après-midi à la conquête de la baie reste inoubliable.

Le lendemain, je me réveille tôt, alors que le reste du dortoir dort encore d'un sommeil profond. En m’asseyant dans mon lit, je découvre, sous le soleil, la vue unique et incroyable que nous avons depuis la « salle de bain » du dortoir. En effet, des baies vitrées permettent d’avoir directement vue sur la baie. Les lavabos sont perchés sur la falaise de l’île, directement dehors et protégés seulement par un toit en « paille ». Sous le soleil, la baie n’a rien à voir, on la redécouvre. Les îles sont encore plus belles et l’eau à perte de vue donne un sentiment d’infini grisant. Je pars m’installer à la réception, avec vue sur la mer et les îles. Anaïs me rejoint un peu plus tard pour le petit déjeuner. Nous le prenons sur la terrasse du restaurant, face à la baie. Un pur moment de bonheur. Puis nous rejoignons notre guide qui nous annonce que nous ne sommes plus que quatre à rester ce soir. La belle surprise ! Nous suivons donc un guide local, un jeune garçon de Singapour, une canadienne et nous deux. Le guide est un vietnamien qui vit sur l’île principale de Cat Ba, sourire espiègle, enjoué et très agréable, il nous explique que nous avons 45mn de bateau jusqu’à l’île où nous passerons la journée.

La traversée en bateau est exceptionnelle et restera gravée dans ma mémoire. Nous nous enfonçons dans la baie sous un soleil perçant. Les îles se dressent partout, petites, grandes, pointues, carrées, arrondies. Autant de formes et de tailles. Tantôt espacées, laissant toute la place à la mer, tantôt très rapprochées, formant un passage étroit pour le bateau. Nous croisons d’autres petits bateaux, tous portant fièrement le drapeau du Vietnam. Cà et là, des cabanes sur l’eau où vivent des pêcheurs. Ils vivent ou travaillent ici, au cœur de la baie, bien loin de la côte et au milieu de nulle part, c’est incroyable.

Nous accostons bientôt sur une île qui semble plus grosse que les autres et habitée. Nous enfourchons des vélos et partons à sa conquête. Sur le chemin qui la longe, nous suivons une route au bord de la mer et des îles karstiques. Nous quittons bientôt la côte pour pénétrer plus au cœur. Nous suivons des chemins très arborés avant d’arriver à l’endroit le plus exceptionnel que je n’ai jamais vu !

Encerclé par des montagnes immenses, un village, entouré par des champs à perte de vue. Un chemin au début duquel trône une arche de style chinois nous accueille. Nous l'empruntons. Il est bordé par les champs et nous arrivons bientôt au cœur du village. Quatre-vingt-quinze familles vivent ici, ne disposant de l’électricité que depuis 2007. Pour vivre, elles sont obligées d’aller pêcher dans la baie. Des maisons bordent le chemin de chaque côté, des chiens errent un peu partout, quelques poules courent le long des bosquets. Tout est très calme, à l’exception de quelques touristes, quelques aboiements et les grognements des buffles dans les champs. Nous roulons jusqu’à atteindre un petit chemin où semblent être rassemblés les quelques « restaurants » pour touristes. Les tours se les partagent et nous répartissent. Notre guide nous exhorte à poser nos vélos et nous fait signe de le suivre. On pénètre alors dans ce qui ressemble à un immense jardin. Au milieu coule une rivière, des arbres parsèment le chemin, des fleurs, un petit pont pour accéder à une petite maison en forme de hutte. Nous nous y dirigeons. Nous prenons place tous les quatre et sommes servis par un jeune couple. La salle principale est dotée d’un bar, une télé et trois tables. Juste derrière se trouve la cuisine. Leur petite fille est déjà attablée. Lorsqu’ils nous ont servi, des plats à partager (poisson en sauce, viande marinée dans une sauce au citron, riz, pommes de terre marinées et ananas) ils mangent à l’autre table devant la télé, nous gratifiant de grands sourires.

Après cette pause hors du temps et inoubliable, nous partons pour un trek d’une heure et demie. Ma peur du vide me fera bientôt rebrousser chemin mais notre petit groupe continue et se retrouve dans des grottes, à longer des précipices de quelques mètres avant de revenir. Nous repartons à contre cœur de cet endroit exceptionnel et si paisible.

Le soir nous dégustons le repas sur la terrasse avec nos deux autres compères et allons voir ensuite les locaux danser sur la plage, à la lumière du feu de camp. La danse est locale et consiste à sautiller entre des bâtons en bois que deux personnes ouvrent et referment au rythme de la musique. Très original et assez difficile !

Le lendemain, nous profitons d’une dernière matinée sur la plage, face à la baie et repartons en début d’après-midi pour Hanoï (article sur Hanoï par ici: https://www.wix.com/my-account/sites/93dd95fc-bcf5-4788-83d7-ad66ea0fa4eb/simple-app?app=blog)

La Baie d'Halong n'aura pas été un séjour parfait en termes de logistique et de confort mais nous l'avons très vite oublié face à la beauté indescriptible de ce lieu qui dégage quelque chose de si mystique, d'intouchable. Le monde est rempli de merveilles et il ne fait aucun doute que celle-ci en fait partie!


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