Hanoï, la plus européenne des capitales asiatiques
- Chloé
- 10 avr. 2017
- 6 min de lecture

Mi février, j’écris à une copine lyonnaise avec qui j’étais en master à Lyon et qui voyage en Asie depuis janvier « c’est quoi ta prochaine étape ? Je me ferais bien un petit voyage en Avril ! » Elle me répond « Vietnam. Viens ! » Ni une ni deux, je prends mes billets et me voilà embarquée dans un voyage que je ne pensais pas autant adorer !
Mercredi 29 Mars, j’entame une longue nuit blanche à l’aéroport de Kuala Lumpur, assise au milieu de dizaines d’autres voyageurs, dans l’attente de mon vol très tôt le lendemain matin. J’arrive à Hanoï, capitale du Vietnam, le jeudi 30 Mars à 9h. Je retrouve Anaïs, qui m’accueille tout sourire, bronzage du voyageur, petite chemise style aventurière, un athéba dans les cheveux, une petite dizaine de bracelets répartis aux poignets et un superbe tatouage à la cheville fait au Cambodge. On part directement récupérer un mini bus pour rejoindre le centre de la ville. Toutes les deux relativement rodées au voyage (Anaïs d’autant plus), on débarque au Vietnam sans parcours préalable ni hébergement. Une liberté qui nous permettra de vivre pleinement ce séjour et d’écouter nos envies, même au dernier moment.
Le mini bus nous dépose dans le vieux quartier d’Hanoï. Ici, rien à voir avec ce que je connais de l’Asie, c’est-à-dire la Malaisie et ses villes sans trottoirs, ses buildings, sa crasse ambiante et son aspect totalement différent. Non, ici, les rues sont bordées de trottoirs, certes à peine praticables à cause des dizaines de scooters garés dessus mais bien réels. Tout semble relativement propre et de gros arbres centenaires bordent les rues, donnant un aspect très arboré au quartier. Gros coup de cœur ! Le long des trottoirs, pleins de petits magasins tous plus mignons les uns que les autres et à l’aspect très européen. Des restaurants et petits cafés partout, certains à l’allure boisée type pub irlandais. Je me demande si je suis réellement en Asie. Cette touche européenne, importée par la présence française dans l’histoire du Vietnam*, est une réelle bouffée d’oxygène après deux mois en Malaisie.
*la France débute ses relations avec le Vietnam au cours du XVIIIème Siècle. Après la visite du pays par de nombreux commerçants français, le pays implique ses forces militaires au Vietnam afin d’aider la dynastie Nguyen à s’établir. Au XIXème Siècle, elle s’implique d’autant plus au Vietnam afin de protéger les missionnaires catholiques présents dans le pays. Elle se créée progressivement une importante colonie, l’Indochine française. Elle dirige ainsi le Vietnam comme une colonie de 1887 à sa défaite dans la guerre d’Indochine en 1954, année de l’indépendance du Vietnam.

Nous nous installons dans un petit café fort sympathique où les tables et les chaises sont minuscules, comme dans beaucoup d’endroits à Hanoï. Les lieux sont étroits, très cosy et le mobilier semble tout droit sortie de Boucle d’Or et les Trois Ours. Nous prenons le temps de déguster un jus de fruits frais et décidons rapidement de nous remettre en route à la recherche d’une auberge de jeunesse. Nous finissons par en trouver une à 5€ la nuit, petit déjeuner compris. Nous investissons le dortoir et partons à la conquête de la ville. D’abord, nous commençons par réserver un tour de trois jours et deux nuits dans la Baie d’Halong. Il est proposé par l'auberge de jeunesse Central Backpackers et pour 130€ nous avons le trajet Aller/Retour, deux nuits en dortoir dans un resort sur une île au cœur de la baie, tous nos repas et deux jours d’activités (article sur la Baie d’Halong par ici: https://www.wix.com/my-account/sites/93dd95fc-bcf5-4788-83d7-ad66ea0fa4eb/simple-app?app=blog)
Nous visitons donc Hanoï le jeudi et le lundi à notre retour de la Baie d’Halong. Nous découvrons une ville fantastique, bruyante mais fascinante, aux milles détails que l’on aimerait pouvoir immortaliser. Nous nous baladons dans ses petites rues avec délectation et avons envie de nous arrêter dans tous ses petits cafés et magasins. Les rues semblent dédiées à des thèmes bien précis. Certaines sont remplies de restaurants, d’autres de magasins de vêtements, ou de souvenirs, ou de bricolage… Le trafic est incroyable. Des dizaines de scooters circulent dans tous les sens et je suis même étonnée d’être revenue en vie quand traverser la route devenait un sport extrême !
Le jeudi, nous nous baladons d’abord au bord du lac Hoan Kiem ou Lac de l’Epée. De très larges trottoirs bordent le lac ainsi qu’un chemin tout en fleurs. Au milieu du lac, l’îlot de la tortue et un stupa (structure architecturale bouddhiste.) La Chine, longtemps souveraine au Vietnam, donne au pays sa première influence après celle plus européenne laissée par la France. De nombreux temples bouddhistes sont présents au Vietnam. Le soir, nous flânons sur le marché nocturne, des mètres de stands en tous genres et un monde fou. Nous mangeons dans un restaurant vietnamien et goûtons aux meilleurs nems que nous ayons mangés jusqu’ici ! La serveuse nous apporte des noodles et une soupe, de la salade et des herbes. A nous de tremper les noodles dans la soupe et d’agrémenter d’herbes à notre guise, et de sauce soja ou chili. Un délice.

Le lundi, à notre retour d’Halong Bay, nous flânons encore dans les rues du vieux quartier et en profitons pour admirer l’artisanat vietnamien dans les boutiques. Nous dégustons un croissant devant la Cathédrale Saint-Joseph, un majestueux et impressionnant bâtiment de style néogothique, construit en 1886 par les français. Nous y pénétrons l’après-midi, après son ouverture. Cette expérience fait pour moi partie de mes coups de cœur et des moments marquants que je vis au Vietnam. Ni croyante ni pratiquante, j’ai toujours apprécié pénétrer dans des églises en Europe pour en admirer l’architecture, en apprécier le silence et le côté majestueux et mystique qui s’en dégage. Cependant, je n’ai jamais été transportée ni touchée par ces visites puisque je ne cautionne pas la trop grande place que peut prendre la religion dans nos sociétés et que je ne suis pas pratiquante. J'ai même pris la mesure de leur austérité quand j'ai visité des mosquées en Malaisie, tellement plus colorées et accueillantes.
Ce jour-là, c’est une toute autre expérience que je vais vivre. Je pénètre dans la cathédrale avec insouciance, comme si j’allais visiter une église de plus. Seulement voilà, je suis en Asie depuis deux mois, je vis en Malaisie où la religion principale est l’islam. Kuala Lumpur et les villes que j’ai pu visitées jusque-là sont surtout remplies de mosquées et j’ai pu apercevoir quelques temples hindous et bouddhistes. Là, j’ai à peine mis les deux pieds dans la cathédrale que le sentiment qui s’empare de moi est d’une telle puissance que je peux à peine le contrôler. L’émotion est telle que les larmes me montent aux yeux et des frissons me parcourent de la tête aux pieds. Une envie étrange s’empare de moi de faire un signe de croix par respect pour cet endroit qui semble m’avoir tellement manqué. Je réalise alors à quel point l’Europe et mes repères me manquent. En un quart de seconde, des dizaines d’images et de souvenirs me reviennent et si je ferme les yeux, j’ai l’impression qu’en sortant je serai devant la Basilique du Sacré Cœur à Montmartre ou encore dans un petit village italien où j’ai visité de nombreuses églises avec ma grand-mère. L’émotion est palpable, le ressenti est indescriptible. Je m'extirpe de ce moment hors du temps, serein et si doux à contre cœur. Anaïs me confie qu’elle a vécu exactement la même expérience en rentrant dans une église au Cambodge, après des jours loin de l’Europe.

L’après-midi, nous nous promenons à travers le marché. Des fruits et légumes sont étalés sur les trottoirs et sur des étals, de toutes leurs couleurs vives. Puis nous nous rendons à un des endroits les plus célèbres d’Hanoï. Une rue très étroite, bordée par les habitations, où des rails constituent le chemin principal. Ici, le train passe encore trois fois par jour, à quelques mètres seulement des habitations. Nous attentons le train 45mn, sans espoir. Nous finirons par capituler, non sans avoir mitraillé l’endroit de photos et nous être imprégnées de l’ambiance hors du temps des lieux. Sur la droite du chemin, des maisons. Très étroites, elles sont plutôt construites sur la hauteur et semblent toutes posséder au moins deux étages. Les habitants vont et viennent de chaque côté des rails. En face, des petites cabanes dans lesquelles ils semblent aller chercher de l’eau. Chacun est en plein ouvrage, frottant ses vêtements dans des bassines, rinçant, frottant de nouveau etc... D’autres cuisinent au bord des rails, une grand-mère promène son petit-fils, un homme passe en scooter. Il est difficile alors de réaliser que ces gens vivent réellement ici, à moitié dehors, avec si peu et à seulement quelques mètres des rails.


Hanoï nous aura gâtées, enchantées et il est certain que j’y retournerai. Les gens ont été très agréables, très souriants et jamais réticents à offrir de l’aide contrairement à ce que beaucoup d'avis décrivent sur le net. Nous avons adoré le côté très européen de cette capitale, ses petits magasins et tous ses cafés et leurs terrasses nichées au premier étage d’un bâtiment, avec vue sur l’agitation de la rue.
A très vite Hanoï…
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