"Là-bas au Connemara..."
- Chloé
- 1 mars 2017
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 août 2023

"Terre brûlée au vent des landes de pierre, autour des lacs c'est pour les vivants, un peu d'enfer, le Connemara"... Nul doute que je n'ai pas besoin d'en écrire plus pour vous plongez dans vos soirées endiablées et alcoolisées, à 5h du mat', une bière à la main, deux potes sous chaque bras, deux grammes dans chaque œil, Michel Sardou qui chante le Connemara à fond les ballons et vos jambes qui sautent frénétiquement! Ceci dit, c'est peut-être moins fun mais pour moi cette chanson a aujourd'hui un tout autre sens. Eh oui, c'est l'effet que ça fait lorsque l'on met réellement les pieds dans la région du Connemara.
Le soir de mon anniversaire, Thomas se pose à côté de moi dans le canapé et me tend son téléphone, un sourire satisfait aux lèvres "tiens, voilà ton cadeau." Face à ma tête penaude et curieuse, il s'explique "regarde la page sur laquelle tu es et clique sur la rubrique avec un cœur." Je m'exécute et me retrouve directement sur la page officielle du site air bnb. Je clique sur le petit cœur tout rouge qui me tend les bras pour ouvrir un premier lien qui m'amène directement sur une photo à couper le souffle. Une petite terrasse sans prétention, avec vue sur l'Océan et les montagnes. Le calme se dégage de la photo. "Fais défiler" m'exhorte Thomas. Un coucher de soleil sur l'Océan, des nuances de couleurs époustouflantes, des landes de pierres, des terres brûlées et des lacs. Je relève la tête, un sourire hésitant aux lèvres. "Tu n'as plus qu'à choisir la date" me dit-il "c'est ton cadeau d'anniversaire". Je n'en crois pas mes yeux! On s'était dit qu'on n'aurait pas le temps de faire le Connemara avant de partir, pas en étant à 5/6h de voiture et en ayant seulement un weekend. Mais si. Thomas a tout prévu.


J'attends le premier weekend de décembre avec l'impatience d'un enfant la veille de Noël. Nous partons le vendredi soir louer une voiture à l'aéroport, chez Sixt, comme à notre habitude. Le samedi, 6h du matin, je m'installe aux côtés de Thomas, une carte de l'Irlande et le routard dans une main, des gâteaux et un thermos de café dans l'autre. Nos gants, bonnets et écharpes envahissent la banquette arrière de la voiture. La musique en fond, nous nous lançons pour 6h de route à travers l'Irlande. Nous traversons les deux pays (Irlande du Nord et République d'Irlande) du Nord-Est au Sud-Ouest. L'Irlande en voiture est certainement l'un des meilleurs moyens de découvrir les paysages époustouflants que le pays a à offrir. Ce n'est pas compliqué, chaque fois que nous avons loué une voiture et que nous sommes partis une journée ou un weekend, nous avons été admiratifs dès lors que nous sortions d'une ville. La verdure, la sobriété des paysages, le calme qui se dégage de ces grandes étendues verdoyantes ou parfois colorées, les maisons tous les kilomètres, les ruines sur lesquelles on tombe ça et là, les petits villages atypiques, peuplés de quelques pubs et parsemés de drapeaux irlandais ou britanniques, toute l'Irlande nous enchante. Nous traversons des champs d'un vert incroyable, peuplés de vaches ou moutons, nous prenons en photo un petit château médiéval perché au loin sur une colline, nous nous arrêtons admirer les premiers paysages qui rappellent le Connemara. Des pierres, un lac, des couleurs rougeoyantes.



Notre premier arrêt, le samedi à midi, est aux Cliffs of Moher. Des falaises très célèbres dans le Sud-Ouest, juste en dessous de la région du Connemara. La scène d'Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé, lorsque Harry et Dumbledore se retrouvent dans une grotte effrayante à la recherche d'horcruxes y est tournée. Les falaises, survolées de manière vertigineuse, surgissent alors du brouillard avant de nous plonger dans la grotte. Thomas a tenu à pousser jusqu'ici et à voir ce spectacle époustouflant. Je n'apprécie pas autant que lui. Le temps est maussade, le vent cinglant, la hauteur et les gens qui se couchent la tête dans le vide pour admirer l'Océan m'effraient et je suis trop impatiente de voir les lacs du Connemara. Mais je dois avouer que l'endroit est spectaculaire. Les falaises, parfaitement découpées, se dressent majestueusement. L'Océan Atlantique s'étend à perte de vue. On passe l'après-midi ici, à se promener. Vers 17h, nous reprenons tranquillement la voiture pour Galway, la ville au départ de la boucle que forme la route du Connemara, où nous pensons, à tort, retrouver notre air bnb.
Nous roulons une bonne heure, perchés sur les falaises qui nous offrent une vue imprenable sur l'Océan. Nous les longeons un bon moment, jusqu'à ce que la nuit tombe complètement et que nous ne distinguions plus rien. Arrivés à Galway, nous nous rendons compte, comme par enchantement et très bêtement, que notre air bnb n'est en fait pas ici mais bien plus loin dans la région du Connemara, à la pointe tout à l'Ouest sur la carte, perdu aux pieds de l'Océan. Nous nous arrêtons rapidement acheter de quoi se faire un pique-nique gourmand dans la chambre, pour fêter notre weekend et mon anniversaire. Vin blanc, pâté, pain, fromage et houmous. En quittant Galway, le GPS nous perd dans les hauteurs de la ville. Les routes deviennent sinueuses et se transforment bientôt en chemins. Nous tombons sur des maisons immenses et magnifiques, perdues, espacées chacune de centaines de mètres. Nous roulons une bonne heure, à peine à 100km/h tellement les routes sont étroites. Nous devinons que nous longeons l'Océan et les lacs mais la nuit noire ne nous permet pas de le voir. Thomas doit redoubler de vigilance à chaque virage, serrer à gauche lorsque nous croisons une voiture ou un camion. Nous arrivons enfin à Cashel Bay, le petit village dans lequel se trouve notre air bnb. Dans la nuit noire, nous avons quelques difficultés à trouver mais finissons par pénétrer dans une cour. Surpris par les affaires qui jonchent le sol, l'état du bungalow sur notre droite, sorte de dépotoir, la taille très petite de la maison, nous hésitons, ne sachant pas si nous sommes au bon endroit. La cour est encore pleine de cailloux, pas aménagée. Je lis sur le visage de Thomas de la déception et la peur que ce ne soit pas du tout comme sur les photos du site air bnb. Je le rassure en lui rappelant les commentaires excellents qu'on a pu lire sur la maison de la part des hôtes. Nous nous garons enfin. Il est 21h et nous sommes heureux de sortir enfin de la voiture. Là, un couple d'une quarantaine d'années (peut-être plus) vient nous accueillir à la porte. Très aimables, ils nous mettent à l'aise de suite et nous sommes heureux de rentrer nous mettre au chaud.


La maison est finalement très spacieuse et toute neuve. On comprend très vite la raison de notre peur arrivés dans la cour. Ils ont acheté il y a à peine un an, ont tout retapé et ont du défricher le terrain qui normalement n'était pas à vendre. Sur Cashel Bay et quasiment partout dans la région du Connemara, il est maintenant impossible d'acheter en bordure d'Océan et encore moins si l'on n'est pas un habitant régulier. La maîtresse des lieux nous montre notre chambre. Ultra spacieuse, cosy, avec en prime une salle de bain privée toute neuve. Nous prenons un café avec eux au coin du feu, discutons de l'endroit, de la vue que nous aurons demain matin, de ce qu'on peut faire ici, de leur fille de 10 ans pleine d'énergie et de politique. Un chouette moment malgré la fatigue, l'envie d'une bonne douche et surtout de goûter à nos victuailles! Nous profitons à fond de ces moments ensemble ce soir-là, préparons un plateau avec notre pique-nique et dégustons tout ça au lit. Thomas met son réveil aux alentours de 6h du matin pour aller filmer le lever de soleil.

Le lendemain matin, lorsque le réveil sonne, je n'ai pas envie de sortir du lit et je laisse Thomas partir apprécier la vue en me disant que j'aurai l'occasion de la découvrir au petit déjeuner. Quelques minutes passent avant que mon téléphone sonne "habille toi" me crie Thomas au téléphone "viens vite, c'est magnifique! Le ciel a la couleur que tu adores, viens vite!!!" Je m'habille en vitesse, frustrée et apeurée de louper le spectacle. Je cours presque dans la salle à manger où je trouve notre hôte en train de préparer le petit-déjeuner. "Il est en bas du jardin" me dit-elle avec un sourire. J'ouvre la baie vitrée et me lance à la rencontre de Thomas. Mais le spectacle qui s'offre à moi me coupe net. Je m'arrête et prends la mesure de ce qui m'entoure. Devant moi, à quelques mètres seulement, l'Océan, en fond, les montagnes. Le ciel est à ce moment-là un indescriptible mélange de couleurs. Les nuages laissent la place à un ciel bleu encore hésitant, l'Océan est rosé, un jaune éclatant éclaire le sommet des montagnes. Je n'ai jamais rien vu de pareil. Ma tête va de gauche à droite frénétiquement puis la sérénité et la beauté de l'endroit m'envahissent doucement, je me calme, respire l'air pur et descends doucement retrouver Thomas. Je retrouve un enfant de 5 ans à Disneyland, des étoiles dans les yeux. Il a posé la GoPro sur un rocher afin de créer son timelapse. Il me prend dans ses bras, je le serre fort et lui murmure le merci le plus vibrant que je n'ai jamais dit. Nous restons là encore quelques instants, silencieux. Mais le froid et le vent ont vite raison de nous et nous rentrons prendre notre petit-déjeuner. Nous mangeons face à la baie vitrée, avec la vue. Notre hôte nous sert un petit-déjeuner irlandais (saucisse, boudin, rösti de pommes de terre, baked beans (haricots blancs noyés dans une sauce tomate légèrement sucrée), œufs au plat, toasts grillés et champignons) et de la confiture pour finir sur une touche sucrée.

Après des aux revoir chaleureux, la promesse de revenir et de faire de la publicité à toutes les personnes que nous connaissons, nous reprenons la route direction les lacs du Connemara. Nous roulons ainsi toute la journée, à travers cette région époustouflante, aride, hors du commun, majestueuse, calme, vide et rappelant certains coins d'Australie (du moins les photos qu'on en aperçoit.) Les paysages au bord de l'Océan se ressemblent: l'Océan à perte de vue, les champs, beaucoup de moutons et parfois des plages de sable blanc. Lorsque nous approchons des lacs, que l'on retrouve ça et là, des montagnes immenses, des landes de pierre, brûlées, comme le dit si bien Sardou, de par leur couleur rougeâtre indescriptible. La végétation est orange, jaune ou tend sur le rouge. Les routes sont infinies, le sentiment de liberté qui en découle est incroyable. Nous nous arrêtons de temps en temps, fascinés par un endroit, notamment devant une abbaye qui borde un lac ou encore au sommet d'une colline surplombant un fjord. Nous ne prenons pas le temps d'aller dans le parc national qui apparemment contient beaucoup de lacs mais préférons rouler le long des montagnes et zones arides. Nous ne mettons pas la chanson de Sardou, préférant le calme et la sérénité de l'endroit.




Nous reprenons la route à contre cœur en fin de journée pour avaler nos 5h jusqu'à Belfast et rendre la voiture à temps chez Sixt. Nous avons tout deux du mal à réaliser la beauté de ce que nous venons de voir. Nous passons le trajet à nous remémorer ce weekend exceptionnel, trop vite derrière nous, à nous occuper avec des jeux en ligne et à partager nos rêves futurs, galvanisés par cette région où le temps s'arrête et où tout semble possible.

Ainsi se termine le meilleur weekend de ma vie...
Pour ceux qui sont intéressés (comment ne pas l'être?!) voici le lien air bnb vers la maison d'hôtes que nous avions à Cashel Bay. L'endroit est indescriptible, bon marché pour la beauté qui l'entoure, la qualité du petit-déjeuner et la gentillesse des hôtes (en même temps ils sont irlandais!)
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