Il y a tout pile un an nous étions sur le point de terminer un voyage de huit jours en Ecosse avec notre campervan Lino. C’est la première fois que nous partions avec notre van aussi loin et aussi longtemps et nous avions mis un point d’honneur à terminer notre maison mobile avant le départ. L’Ecosse est un voyage qui nous a profondément marqués et que l’on n’oubliera jamais. A ce jour, même en ayant visité certains pays d’Asie et la Patagonie en Amérique Latine, l’Ecosse figure encore et toujours au top de notre liste en tant que plus beau voyage. Bien sûr c’est très subjectif et le fait de l’avoir fait en van a joué un rôle important dans notre ressenti général. C’est également pourquoi nous conseillons à quiconque souhaite se rendre en Ecosse de le faire en voiture, en van ou en camping-car. C’est un pays sublime, sauvage et pas très grand en plus, qui ne se découvre pas en restant dans les villes ou en prenant des transports en commun qui limitent la découverte.
Nous sommes partis fin Mars 2018 juste avant les vacances de Pâques. Les températures étaient encore timides mais nous avons évité la foule et avons bénéficié des couleurs vives et sauvages de cette période, juste avant que le vert ne vienne recouvrir une majorité des plaines et ne change complètement les paysages.
Voici donc notre itinéraire et le détail de nos journées
et soirées en van :
Samedi 24 Mars 2018 : grand départ
Nous avons traversé l’Angleterre du Sud au Nord pour rejoindre la ville portuaire de Balloch en Ecosse. Environ 8h de route à traverser des plaines d’un vert flamboyant, des prairies de moutons et vaches, quelques vallées avant de retrouver les paysages plus sauvages et accidentés de l’Ecosse. Couleurs vives, terre brûlée et vastes étendues désertes. Nous avons passé la soirée dans un pub à Balloch au bord de la rivière. Les souvenirs des pubs, que ce soit en Angleterre, en Irlande ou en Ecosse, en bref dans tout le Royaume-Uni, me couvrent de frissons chaque fois et me démontrent à quel point ce pays peut me manquer ! En Ecosse nous étions d’autant plus charmés par la présence des écossais, avenants, souriants et avec un accent magique, ainsi que le petit festin que nous nous sommes fait avec pâté, camembert et Guinness. Le pub, comme bien souvent au Royaume-Uni, était cosy, historique, à l'ambiance extrêmement conviviale. Des rires, des groupes d’amis, des familles, des couples, les verres qui trinquent, le bonheur !
Dimanche 25 Mars : Loch Lomond (loch = lac) et Parc National Trossachs
Réveil inoubliable aux alentours de Balloch, à deux pas du Parc National Trossachs. Nous avons dormi au milieu des plaines, en dehors de la ville, et nous ne sommes pas déçus de notre choix en ouvrant la fenêtre arrière et la porte latérale. Nous sommes entourés de plaines et collines aux couleurs vives. C’est le premier réveil dans un van terminé. Le soleil inonde notre cocon de bois, playlist en fond, on fait chauffer l’eau pour le café et on prend notre petit-déjeuner sur le lit, face à la vue. Des cyclistes nous saluent en français sur le chemin. Nous passons ensuite la journée à rouler dans le Parc National. Paysages bouleversants, lacs aux pieds des montagnes, landes marécageuses, sommets enneigés, routes sinueuses et superbes points de vue. Nous passons la soirée dans la ville de Glen Coe dans les Highlands puis nous partons dormir aux pieds d’une station de ski, entourés de campervan et camping-car.
Lundi 26 Mars : Glen Etive & Viaduc de Glenfinnan
Nous nous réveillons dans le froid, allumons les plaques de gaz pour réchauffer le van (ça marche du tonnerre en 10 minutes !) et ouvrons la porte pour être accueillis par une légère neige. Notre voisin enfile ses bottes en chantonnant et s’en va rider, son snow sous le bras. Nous buvons nos cafés au-dessus de la montagne, entourés par les fameux Highlands, ces collines dorées aux landes marécageuses qui s’étendent sur des kilomètres et les vallées sinueuses qui serpentent entre les montagnes : les glen. Nous décidons de nous diriger vers Glen Etive, à quelques kilomètres en contrebas, la fameuse route qui apparaît dans Skyfall, l’un des derniers James Bond, lorsque le héros se rend dans sa maison d’enfance en Ecosse. Dramatique, mystique, envoûtante et incroyable.
Décrire Glen Etive n’est pas tâche facile, cette route qui est dorénavant classée plus belle que l’on ait jamais vue. Elle serait très certainement gâchée par mes mots redondants, vides et creux. Rien ne prépare à Glen Etive, aux frissons, aux larmes qui montent aux yeux, à l’extrême beauté, au calme, à la sérénité, à tant de majesté. La vie sauvage y est omniprésente, sur les montagnes à la couleur de terre brûlée ou sous les arbres des forêts qui parsèment les plaines. Les cerfs et les biches mangent dans nos mains sur le bord des routes. Et lorsque l’on arrive à la fin de la route, c’est la mer qui commence, tel un lac qui serpente entre deux montagnes avant d’aller se jeter dans cette immensité d’eau, au loin, où jaillissent des sommets enneigés.
Nous reprenons ensuite la route pour nous diriger vers la ville de Fort William où nous dégustons le fameux plat écossais haggis: de la panse de brebis farcie, succulent! Nous passons l’après-midi au viaduc Glenfinnan qui a servi de décor au tournage d’Harry Potter, notamment lorsque le Poudlard Express le traverse.
Mardi 27 Mars : château d’Eilean Donan et Ile de Skye
Le mardi est la seule vraie journée pluvieuse que nous subissons. C’est l’Ecosse, nous sommes très au nord sur la carte et la pluie ici s’appelle « une douche. » Cela nous empêche de profiter pleinement de la journée car on ne distingue pas le paysage au-delà de quelques mètres. Nous décidons donc de visiter le château médiéval d’Eilean Donan qui est sur notre route et qui se situe sur un rocher au bord de la mer. Ce château du 13ème Siècle a également servi de décor pour l’un des James Bond et retrace l’histoire de deux des familles célèbres d'Ecosse : les MacKenzie et les Fraser (les fans de la série Outlander les reconnaîtront.)
Nous empruntons ensuite le pont qui relie l’Ecosse terrestre à l’île de Skye et finissons la journée dans le van pour éviter la pluie.
Mercredi 28 Mars : Ile de Skye, falaises de Quiraing, Old Man of Storr et chaîne de montagnes Cuillin
Le soleil de nouveau au rendez-vous, nous faisons le tour d’une bonne partie de la sublime île de Skye. Playlist éclectique à fond, on alterne entre musique folk, irlandaise, écossaise ou Justin Timberlake, fenêtres baissées, soleil qui caresse nos visages et bonheur intense. Nous traversons plaines, falaises qui surplombent la mer, prairies de moutons et vaches, la réputation de l'île la précède ! Notre van Lino nous emmène au sommet des falaises de Quiraing, point de vue incontournable et magnifique. Nous roulons ensuite jusqu’au fameux Old Man of Storr, monolithe formé à la suite de l’érosion de la montagne. Nous passons la nuit dans un endroit reculé, calme et superbe, au pied d’un canal qui se jette dans la mer plus loin. Nous sommes entourés par des montagnes, à l’abri du vent, et par des moutons en liberté tout autour du van. Cette soirée sera l’une des meilleures de notre voyage. J’en profite pour me laver les cheveux face à l’eau puis nous passons la soirée à écrire, lire et regarder un film face au soleil qui décline doucement et à ses derniers rayons qui inondent l’eau.
Jeudi 29 Mars : les Highlands du Nord et le Wester Ross Coastal Trail
Nous quittons l’île de Skye pour remonter dans le nord du pays, dans ce que l’on appelle les Northern Highlands. Nous suivons une route appelée le Wester Ross Coastal Trail qui longe d’abord la mer puis les lacs nichés entre les montagnes et qui s’enfonce ensuite dans les terres. Encore une fois, les vues et les routes traversées sont époustouflantes. La diversité de l’Ecosse est mise en avant ici et nous ne cessons d’être ébahis par ce que l’on voit. Certaines routes font penser au Canada et à certaines routes forestières des Etats-Unis.
Le midi, nous nous arrêtons dans un hôtel-restaurant dans un village écossais typique. Reculé, perdu dans l'Ecosse rurale (quand est-ce que l'Ecosse n'est pas rurale?!) L'intérieur est atypique mais tellement britannique: ancien, de la moquette par terre, vieilles photographies et peintures aux murs, gramophone sur une table d'époque, fauteuils et canapés en cuir marron, lourdes portes en bois et longs couloirs. Avec son petit air de The Shining dans une Écosse reculée, nous sommes conquis! On y prend notre déjeuner, seuls avec deux autres couples de séniors.
Vendredi 30 Mars : Loch Ness et Glen Affric
Nous prenons la route du sud pour atteindre le fameux Loch Ness. Lac le plus profond et le plus célèbre d’Ecosse, connu pour ses légendes sur le monstre qui dort dans ses profondeurs, il est effectivement immense et impressionnant. Nous remontons ensuite au Glen Affric sur les conseils de nos amis journalistes qui ont effectué un tour d’Europe en camping-car et qui sont tombés amoureux de cet endroit. Glen Affric porte bien son nom et nous offre une nouvelle image de l’Ecosse, parfait exemple de la diversité du pays. Des lacs, des montagnes, végétation luxuriante et diversifiée, ilôts forestiers sur la rivière, vues imprenables, routes sinueuses qui s’enfoncent dans l’Ecosse rurale.
Samedi 31 Mars : retour dans les Highlands et Glen Etive
Avant le retour, nous décidons de retourner à notre endroit coup de cœur : Glen Etive. Nous sommes comme deux enfants avant Noël à l’idée de passer un dernier moment sur cette route mystique. Nous rencontrons de nouveau des cerfs et des biches que nous nourrissons, moment inoubliable. Nous posons ensuite Lino au bout de la route, celle qui s’arrête où commence la mer. Nous marchons sur les roches qui parsèment l’eau et nous enfonçons le plus loin possible. Puis nous passons la soirée face à cette vue magique, où je couche mon ressenti et mes souvenirs brûlants sur le papier.
Dimanche 1er Avril : réveil à Glen Etive et retour en Angleterre
Nous nous réveillons avec les premières lueurs du soleil et profitons d’un instant suspendu dans le temps où la nature s’éveille doucement et paisiblement. Le soleil se lève au loin sur les sommets enneigés, les oiseaux chantent et volent au-dessus de nos têtes, le soleil inonde une partie de la montagne et lui donne une couleur dorée, le décor se reflète sur l'eau, c'est somptueux. Le temps s’arrête. Un moment d’une beauté et d’une sérénité indescriptibles dont seuls les frissons sur mes bras et les larmes dans mes yeux sont témoins. C’est un arrache cœur de devoir quitter l’endroit. Nous rentrons le soir-même en Angleterre, chez nous à l’époque, des souvenirs pleins la tête, le cœur brûlant et des étoiles dans les yeux.
L’Ecosse, un an après, n’a pas perdu de son charme. Si nos souvenirs sont moins vifs, ils ne sont pas moins marqués par la beauté du pays. Ses étendues désertes, sa nature sauvage, ses maisons reculées où l’on imagine une vie marginale et authentique, qui nous attire et nous repousse à la fois, sa diversité, sa vie animale, ses châteaux et son histoire, tout est enchanteur et incroyable, il y en a pour tous les goûts et tous les âges.
Et pour avoir fait la capitale Edinburgh quelques mois auparavant lors d'un week-end, on peut dire que l'Ecosse citadine n'est pas en reste. La ville est superbe, les bâtiments historiques sont incroyablement bien entretenus, les ruelles pavées et les petits magasins du centre-ville sont un régal, et les pubs n'ont presque rien à envier aux pubs irlandais! Un must see!
En ce qui concerne les souvenirs, il y a ceux imprimés dans nos cœurs, et sur nos photos. Et puis pour la réalité, il faudra revenir, ou venir. L’Ecosse ne se décrit pas, elle se vit.