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Photo du rédacteurChloé

Une année pleine de promesses... à l'autre bout du monde.

Dernière mise à jour : 23 déc. 2020




En Août 2018, Thomas et moi transformons le jardin des grands-parents en « ginguette bucolique » (terme utilisé par un ami et que je trouve très représentatif) pour célébrer notre mariage avec une cérémonie laïque simple qui rend hommage aux belles personnes qui font partie de notre vie. Et c’est grâce à elles que nous pouvons envisager une lune de miel de plus de quatre semaines en Amérique latine. Quelques jours seulement après le mariage, nous nous envolons pour Rio de Janeiro au Brésil, où j’enseigne un an dans une école américaine. En Décembre-Janvier, ce sont les vacances d’été dans l’Hémisphère sud, et nous profitons de ces semaines pour planifier notre voyage de noces. Entre la rentrée brésilienne du second semestre, le retour en France à l’été 2019 et la vie qui défile, voilà deux ans que je n’ai jamais pris le temps de raconter notre périple, à part pour deux petits articles amorcés sur Mendoza et Valparaiso, et hormis dans une newsletter hebdomadaire envoyée aux invités du mariage pendant le voyage. Ce seront donc ces emails qui me serviront pour retracer notre incroyable aventure, semaine par semaine.


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Le 24 Décembre 2018, deux sacs de 10kg sur le dos et nos chaussures de marche aux pieds, nous atterrissons à Mendoza, en Argentine. Mendoza est la capitale viticole du pays et la porte d’entrée de la Cordillère des Andes. Malgré une grande aridité, la ville est très verte. La région bénéficie d’ailleurs d’un excellent climat, ce qui lui permet de faire des vins très réputés. Nous avons choisi cette ville pour commencer après que j’ai lu qu’elle avait été l’une des étapes préférées dans le périple de seize mois, à vélo, de l’Oregon (USA) à la Patagonie, de l’un de mes auteurs préférés : Jedidiah Jenkins. Décision confirmée par les photos de type cartes postales que l’on a pu ensuite admirer sur internet, de vastes vignobles aux pieds de sommets enneigés.


Nous atterrissons en fin de journée et récupérons notre voiture de location avant de nous diriger vers notre chambre d’hôtes, au centre historique de la ville. Il fait 35 degrés mais nous ne sommes pas dépaysés après quatre mois au Brésil. La nuit tombe encore plus tard dans le sud, aux environs de 20h30. Sur la route, l’atmosphère des pays en développement de l’Amérique latine est omniprésente : vieilles voitures que l’on croirait tout droit sorties de vieux films du début du 20ème Siècle, ruelles perpendiculaires aux grands axes où des enfants torses nus jouent au ballon devant des habitations de fortune aux toits de taule, des chiens errants, un drôle de mélange de misère et de joie combinées propres aux pays en développement.


Nous posons nos valises dans une grande bâtisse de style colonial, cachée depuis la rue par d’immenses murs en pierres sur lesquels serpentent du lierre d’un vert brillant, ce qui nous donne l’impression d’être au milieu de nulle part en plein centre-ville. Notre hôte cuisine le repas de Noël avec sa famille. Nous partons à la recherche d’un repas de fortune, avant la fermeture imminente de tous les commerces de la ville, si ce n’est pas déjà le cas. Nous pique-niquons au bord de la piscine du grand jardin avec en fond sonore les rires et les verres qui trinquent des argentins. La gaieté du repas familial nous rend nostalgique des nôtres. Nous ne tardons pas à aller abréger cette soirée que nous aurions aimé passer auprès de nos familles malgré notre gratitude d’une telle opportunité de voyage.




Le lendemain, le jour de Noël, nous roulons 400 kilomètres sur les routes désertiques des Andes. Passés les vignobles et les bodégas – domaines viticoles argentins – nous pénétrons bientôt dans la Cordillère des Andes. Il est difficile de décrire l’immensité, la grandeur, l’atmosphère mystique de ces routes sinueuses sans fin sur lesquelles les montagnes semblent vouloir nous engloutir tout entiers. Au loin, la neige éternelle sur les sommets rend le décor féérique, en plein été, sous une chaleur écrasante. Les montagnes sont très hétérogènes. Les formes et les couleurs sont diverses et variées mais une aridité extrême caractérise chacune d’entre elles. La rivière Mendoza qui coule en contrebas a la couleur de l’argile. L’impression d’être les deux personnages principaux d’un film des Frères Cohen ne nous quitte pas. L’immensité des montagnes tout autour de nous, cette vaste route déserte qui semble ne jamais finir, aucune habitation, c’est mystique voire effrayant. Nous prenons un couple d’auto-stoppeurs, une péruvienne et un argentin, qui nous expliquent que les vieux rails désaffectés que nous longeons depuis quelques kilomètres servaient à relier le Pérou et l’Argentine avant que des conflits géopolitiques ne viennent s’en mêler. Nous les déposons aux pieds du Parc National de l’Aconcagua, la plus haute montagne en dehors de l’Asie.


En fin de journée, nous pénétrons sur un chemin caillouteux à peine praticable, que nous longeons sur plusieurs kilomètres, à 20km/h. Le chemin, pentu et étroit, est entouré par de vastes étendues. Au loin, la Cordillère. Bientôt, nous arrivons dans une sorte de hameau où se côtoient une petite dizaine de maisons, toutes éloignées les unes des autres. Sur la gauche, une petite cabane en pierres avec des baies vitrées et une terrasse en bois surélevée, et des vaches qui paissent paisiblement dans le jardin. Notre airbnb, notre cabane du berger, notre petite folie (à des prix argentins dérisoires pour les occidentaux que nous sommes) pour fêter Noël.




La maisonnette est archaïque mais si typique ! On se croirait dans Heidi. La terrasse nous permet d’apprécier un apéro’ avec une vue exceptionnelle sur Mendoza en contrebas et les Andes derrière nous, et les baies vitrées nous régalent à la nuit tombée. Les éclairs qui déchirent le ciel ce soir-là et les étoiles brillantes qui leur font place ensuite, semblent irréels. Un verre de vin rouge dans une main et une tablette de chocolat dans l’autre, nous admirons avec une gratitude et une béatitude sans pareil ce spectacle de la nature, toute puissante et grande.




Le lendemain matin, nous nous levons avec le soleil. Accoudés à la rambarde de la terrasse, nous admirons cette boule de feu surgir de derrière l’horizon répandre sa lumière dorée du matin sur la silhouette de Mendoza qui se dessine au loin. Aucun bruit humain ne vient déranger cet instant suspendu, magique, inoubliable. Les lièvres courent dans les plaines alentours, les chevaux et les chiens des voisins dorment paisiblement sur les pas de portes, les vaches et les moutons également. La lumière tamisée du lever de soleil nous envoûte, projetée sur notre cabane et les sommets derrière nous.


Nous passons ensuite quelques jours à Mendoza, à profiter des restaurants de la ville, avant de reprendre un bus pour le Chili le 28 Décembre.


Le 29 Décembre, nous passons la douane entre le Chili et l’Argentine à une heure du matin. Le froid des Andes nous saisit lorsque nous sortons du bus. L’attente est longue. Les employés, zélés, vérifient les passeports et les bagages du bus dans une petite cabane au sommet de la montagne. Tout transport de plante ou nourriture doit être notifié et vérifié afin d’éviter toute contamination.




Samedi 29 Décembre 2018, 6h30 : le bus s’arrête à la gare routière de Valparaiso, au Chili. Située au bord du Pacifique sur une colline qui surplombe l’océan, c’est une ville bohème aux mille couleurs. Le Petit Futé la décrit ainsi : « Valparaiso est à Santiago ce que Marseille est à Paris : insoumise, tapageuse, picaresque, crasseuse, infiniment belle et surtout plus humaine. » De tout temps, Valparaiso a attiré peintres, écrivains, artistes en tout genre. Ses maisons, pour la plupart perchées sur sa « colline joyeuse », le Cerro Alegre, sont peintes d’immenses et magnifiques graffitis. Nous passons trois jours à nous perdre dans le dédale de ses ruelles enchanteresses, qui montent et qui descendent, avec l’Océan en toile de fond. Au détour d’une rue, un petit café bien caché dont ne sort que l’odeur du café frais, attend dans son antre locaux et voyageurs mélangés. Des chats roux et ronronnant dorment sur les chaises, des toiles peintes par le maitre de maison, barman et cafetier le jour, artiste la nuit, parsèment les murs. L’artisanat local trouve sa place dans des petits magasins que l’on devine à peine entre deux grandes bâtisses colorées, comme si les trouver relevait d’une chasse au trésor qui se mérite.




Le 31 Décembre, indécis quant à la soirée que nous souhaitons passer, bien que certains d’admirer le feu d’artifice, le 2ème plus beau du monde selon le Lonely Planet, Thomas surfe sur couchsurfing, le site dédié aux rencontres entre voyageurs, où il est commun d’accueillir des backpackers chez soi, gratuitement, en échange du gîte et du couvert lors d’un éventuel voyage retour. Il y trouve de nombreux groupes créés spécialement pour l’occasion et nous évite de justesse une soirée où deux-cent personnes sont attendues dans un appartement du centre-ville. A la place, nous prenons contact avec une petite quinzaine de personnes sur un groupe WhatsApp, emmené par deux anglais qui ont loué une maison sur les hauteurs de Valparaiso et organisent une modeste soirée pour fêter la nouvelle année.


Nous retrouvons un couple d’allemands de notre âge, Tim et Tanita, avant de nous rendre tous les quatre chez Dan et Scotty. Ils ont tout préparé. Les décorations, le buffet, la table de beer pong, les jeux et cotillons. Dan est joueur de poker professionnel, Scotty a récemment quitté son job à Amsterdam pour voyager quelque temps. Il a donc retrouvé Dan, un ami de longue date, avec lequel il fera un bout du voyage. Nous sommes vite rejoints par Olivia, une étasunienne qui s’offre quelques mois de voyage entre l’université et son premier job, Linus, Andreas et Jannick, trois jeunes allemands tout juste sortis du lycée qui voyagent à vélo en Amérique latine, Michael, un suisse en voyage, Michael encore, un ami anglais de nos hôtes, complètement barré et surexcité, qui revient d’un périple de quelques semaines en Amazonie où il nous raconte notamment son expérience de l’ayahuasca, une drogue amazonienne très forte, utilisée par des chamans, également devenue un réel business touristique. Après plusieurs jours d’un régime draconien, on commence l’initiation, suivie apparemment par des hallucinations violentes et puissantes. Et enfin Maya, une espagnole créatrice de contenu web qui travaille en freelance et voyage au gré de ses envies.


La gêne qui caractérise les débuts de soirée où l’on ne connait personne se dissipe très vite. Il ne nous faut que quelques minutes, aidés par le beer pong (les anglais commencent les festivités très tôt), avant de nous sentir comme avec de vieux amis que l’on connaitrait depuis toujours. Blagues, petites taquineries, rires qui fusent, jeux en tout genre, discussions animées, partage d’expériences, mélange des cultures. C’est joyeux, alcoolisés, bras dessus bras dessous comme les meilleurs amis du monde, que nous mettons un pied dehors peu avant minuit pour nous diriger vers le spectacle qui nous attend. A minuit, des feux d’artifice nous encerclent. Tirés de toute part, des couleurs vives se reflètent sur l’océan en contrebas. La musique latine retentit tout autour de nous. On sabre le champagne en riant. Les chiliens lèvent leur verre, s’embrassent et trinquent à l’année 2019, pleine de promesses.




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Le 1er Janvier, épuisés et heureux, nous reprenons un bus pour la capitale, Santiago, où nous faisons une escale de 24h avant de prendre l’avion pour Cordoba, ville historique d’Argentine. Ainsi s’achève notre première semaine d’aventures en Amérique latine.


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Tim et Tanita nous rendront visite en France en Juillet 2019, quelques semaines seulement après notre grand retour, dans notre nouvelle région. C’est avec eux que nous découvrirons les beautés du Sud-Ouest et surtout de la Haute-Gironde où nous avons posé nos valises. Nos conversations sans fin, en anglais, ont retenti tard dans le petit lotissement dans lequel nous habitions alors, et ont bien fait rire le serveur de ce qui est depuis devenu notre restaurant fétiche. Une symbolique très forte que l’on chérit tout particulièrement, comme eux.






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